Garder des yeux d’enfants - et dévorer une soupe qui ne fait pas grandir
Un jour, Lauriana s’est mise à colorier et m’a donné envie. Du coup, j’ai sorti moi aussi mes crayons de couleurs. J’en ai des trousses pleines, de toutes les couleurs, des nuances de chaque couleur même. J’ai d’abord imprimé de jolis dessins engagés, comme celui que Lauriana a scotché au mur. Puis j’ai colorié des cartes ornées de mantra, et j’ai confectionné des dessins pour un cadeau de Noël un peu spécial. J’ai retrouvé tous mes gestes, mes habitudes d’antan, en sortant les crayons. J’ai cherché mes couleurs favorites, un coloris moutarde, un autre kaki. Des couleurs un peu spéciales. J’ai taillé minutieusement chacun des crayons choisi pour mon dessin, pour que la mine soit bien pointue, sans qu’elle ne se casse. Puis j’ai pu enfin remplir les formes, j’ai donné vie à mon image. Je me suis appliquée, j’ai pris soin de ne pas dépasser les contours. J’ai soufflé pour enlever les petites poussières colorées qui font des tâches. Je ne suis pas prête de ranger ma trousse pour l'instant. Ces petits moments particuliers où je suis concentrée me détendent.
Depuis, j’ai pris plaisir à me remémorer tous mes jeux d’enfants oubliés. Je me souviens de la pâte à modeler, de son odeur si particulière. De la sensation qu’elle procurait lorsqu’on la pétrissait. Je formais des aliments, que je servais dans de la petite vaisselle en plastique aux couleurs kitch. J’avais aussi une grande boîte en bois, avec à l’intérieur plein de compartiments, remplis de pièces de Légo®. Elles étaient classées par taille et par coloris. Je ne me rappelle plus de ce que je créais, mais je jouais des heures, le nez dans cette boîte. J’avais également hérité d’une belle poupée de ma maman, qui m’a suivi toute mon enfance. Je ne sais pas quel était son prénom, mais elle avait des cheveux bruns, et la taille d’un enfant d’un ou deux ans, peut-être. Cette poupée avait été très gâtée par mes grands-parents : petits habits tricotés par ma mémé, draps brodés par mamie et lit en bois confectionné par papi. Oui je me souviens de tout cela, et aujourd’hui, j’ai envie de retrouver ces plaisirs d’enfants. Des plaisirs élémentaires, mais apaisants. Nous autres adultes, sommes parfois bien trop sérieux et rationalistes. Nous ne savons plus nous émerveiller, nous sommes blasés. Il suffit pourtant de retrouver un peu de candeur et de malice, d’oser jouer comme avant, pour voir qu’on arrive à retrouver ce regard d’enfant émerveillé. La vie devient alors plus légère… C’est ainsi que je me suis réjoui à déguster cette soupe toute gourmande, qui ne fait pas grandir, mais qui a émoustillé nos papilles et celles de l’enfant qui sommeille en nous.
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Pour 2 à 4 personnes:
- 4 navets moyens (deux blancs et deux boules d’or pour moi)
- 1 oignon
- 1 cube de bouillon de volaille
- 80g de noisettes décortiquées
- 1 cuillère à soupe d’huile
Eplucher les navets et les couper en morceaux. Peler et émincer l’oignon. Faire chauffer l’huile dans une sauteuse, puis y faire revenir les navets et l’oignon. Réserver quelques noisettes pour la décoration et réduire le reste en poudre. Ajouter la poudre de noisette dans la sauteuse et faire revenir encore quelques minutes, pour la griller légèrement. Couvrir d’eau à hauteur, ajouter le cube émietté et porter à ébullition. Baisser le feu et laisser cuire une quinzaine de minutes. Les légumes doivent être bien tendres. Mixer en ajoutant au besoin un peu de bouillon de cuisson pour obtenir une consistance de velouté. Servir bien chaud, parsemé de noisettes concassées.
Source : Soûpes ! de Marie-Laure Tombini
Ce que j’en dis : lorsque j’ai reçu ce livre (gagné suite à ce jeu), je me suis dit « tiens, un livre de soupes en plus », pensant ne rien y trouver de plus que dans ceux que j’avais déjà. Alors je l'ai rangé avec tous mes autres livres. Et puis, il se trouve que, lorsque je ne sais pas trop quoi préparer à dîner, je regarde les légumes restants dans mon panier et je les accommode en soupe. C’est si rapide à réaliser et suffisamment rassasiant pour le soir, avec quelques tartines. J’avais donc des navets en stock, et je suis tombée sur cette recette de Marie-Laure en feuilletant mes livres de cuisine. Quelle belle surprise ce fut. J’ai découvert une soupe gourmande et savoureuse. La noisette rehausse à merveille le goût du navet. Marie-Laure préconise d’ajouter la poudre de noisette seulement à la fin, une fois les légumes cuits. Moi je vous conseille de la faire griller dès le début de la cuisson, cela ajoute à mon sens un petit plus à la soupe. Je l’ai accompagné de tartines au chèvre et au miel (Tartinez quelques tranches de pain de chèvre frais, versez un filet de miel puis saupoudrez d’herbes de Provence. Un tour de moulin de poivre noir et quelques minutes sous le grill du four, dégustez !) Un régal.